Le titre du livre dit bien son intention. Il s'agit d'une proposition pour former des citoyens en Haïti. Dire que le grand déficit de compétence civique dans notre population constitue un obstacle majeur à tout effort d'implantation de la démocratie au pays n'est pas une trouvaille, mais c'est certainement une réalité  négligée. Notre projet est parti de ce constat. Il entend, dans le large combat nécessaire pour la démocratie, proposer un certain nombre d'éléments notionnels de base permettant de comprendre de quoi il est question quand on parle de ce système politique.

Pour nous, le combat pour la démocratie ne constitue pas une recherche esthétique, il exprime plutôt une volonté de changer le réel des femmes et des hommes de notre société. Il s'agit d'un grand vœu de vivre ensemble accompagné de règles. Les vertus personnelles chez les individus qui participeront à cette belle aventure seront évidemment d'un grand apport, mais nos efforts viseront avant tout à nous assurer que les règles de fonctionnement soient bien comprises et que les bénéfices et avantages à tirer par les personnes et la société soient clairs. Dans notre stratégie d'enseignement, nous attachons beaucoup d'importance à la nécessité de faire ressortir, pour tous, la rentabilité et à la désidérabilité des changements proposés.

A part l'avant-propos qui vaut la peine d'être lu parce qu'il précise rapidement ce que nous croyons être les causes historiques du blocage du pays, le livre comporte trois parties qui sont trois chapitres. Le premier chapitre comprend quelques définitions et explications de concepts de base. Notamment la volonté du peuple et sa représentation; les piliers de la démocratie : liberté, égalité, fraternité; l'État de droit. Le deuxième chapitre est constitué d'une sélection de neuf principes essentiels pour le fonctionnement d'une démocratie en Haïti. Chaque principe est présenté systématiquement sous la forme d'un triptyque : a) bases notionnelles ou explication, b) mise en lumière de son fondement démocratique c) bénéfices de son application pour les citoyens. Nous n'insisterons jamais assez sur l'importance de la nécessité de faire ressortir la désidérabilité de l'application de ces principes. Le troisième chapitre traite des moyens d'intervention des citoyens dans le système : les élections périodiques, les partis politiques, les médias, la société civile. Tous ces moyens ne prenant leur plein sens que quand la société fait un plein suffisant en citoyens fonctionnels parce que informés.

Pierre A. SIMON